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du Voyage de Siam.

vons que faire du ſoleil pour contempler la lune & les étoiles : nous commençons déja à connoître le chemin de Saint Jaques, & le chariot du Roi David ; & nous verrons de l’autre côté de la ligne des étoiles que vous avez bien la mine de ne jamais voir. Les Cartes Aſtronomiques du Pere Pardies, auſquelles le Pere Fontenei a beaucoup de part, nous ont fait grand plaiſir : c’eſt lui qui les a reveûës, corrigées, augmentées, & fait imprimer ; il n’a pas eſté fâché de revoir ſon enfant. Ce ſont les meilleures gens du monde que nos Jéſuites. Ils ont tous ſix de l’eſprit. Il y en a d’une ſageſſe conſommée ; & il y en a de vifs, qui atrapent une penſée dés qu’on ouvre la bouche : il faut quelquefois retenir à parler, mais cela eſt aſſez commode ; & quand ils parlent, ils diſent de bonnes choſes, & il y a toujours à apprendre.

Nous allons bien doucement, & ce ſoir nous voyons encore l’Iſle de Palme.

14. Mars.

NOus avons atrapé cette nuit l’Iſle de Fer, la derniere des Canaries. Dites-moi, je vous prie, pourquoi les François y mettent le premier méridien : eſt-ce à cauſe que c’eſt la plus occidentale de ces Iſles ? Et pourquoi les Hollandois le mettent-ils ſur le Pic ? eſt-ce à cauſe qu’il eſt ſi haut ? Nous ne l’avons pourtant point veu, quoi-

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