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du Voyage de Siam.

que nous pourrions bien eſtre allez par Tennaſſerim.

Le Chevalier de Fourbin vient de revenir fort mal content de ſon ambaſſade. Le Commandeur Hollandois a fait le malade : & ſon Lieutenant lui a tenu le même diſcours qu’à Joyeux, & a dit net, que le Roi de Bantam ne ſoufriroit point qu’on fiſt aucuns rafraîchiſſemens ; mais que nous n’avions qu’à aller à Batavie, où rien ne nous manqueroit. De ſorte que bon gré mal gré il faut aller à Batavie. Nous n’irons que le jour, toujours la ſonde à la main ; & il faut bien filer doux, car nous ne ſommes pas les plus forts. La maniere d’agir eſt un peu arabeſque, & bien différente de celle du Cap. Voici leurs raiſons, & quelque choſe de l’hiſtoire de Bantam, en attendant que j’en ſçache davantage.

Il y a cinq ou ſix ans que Sultan Agom Roi de Bantam ſe démit de la couronne en faveur de ſon fils Sultan Agui, & ſe retira à la campagne pour ne ſonger qu’à ſon ſalut. Il eſt fort dévot Mahométan, & eſtoit adoré de ſon peuple. Le jeune Roi voulut d’abord mettre les portes où eſtoient les fenêtres, & envoya en exil deux Pangrands : ce ſont les grands Seigneurs Javans. Le bon homme Roi dont ils eſtoient les Miniſtres, le trouva fort mauvais, & manda à ſon fils de les rappeller : mais le fils les envoya auſſitôt maſſacrer. Dés que le Pere le ſceut, il reprit les orne-

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