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du Voyage de Siam.

Meſſieurs les Marins, qui m’avoient dit que c’eſtoit le plus mauvais navire du Roi : c’eſt peut-eſtre le meilleur.

Nous avons eſſuyé des grains un peu lourds. Vous ſçavez qu’un grain eſt un vent mêlé de pluie, qu’on voit venir de loin dans un nuage ; & il faut à ſon paſſage ferler, ou du moins carguer les voiles. Que vous eſtes aiſe de parler marine ! Il faut bien s’y accoutumer : je dis à mon valet-de-chambre. Amarrez mon colet.

8. Mars.

LAlarme a eſté un peu chaude : on a crié cette nuit au feu ; ce n’eſt pas raillerie en pleine mer. Il y avoit un verre caſſé au fanal : des Matelots avoient bouché le trou avec des étoupes ; le feu y a pris, & a porté les étoupes enflammées vers les voiles : il a eſté bientôt éteint, mais le ſang eſtoit déja mêlé.

Toujours bon vent, & de temps en temps des grains.

La hauteur de 38. degrez.

Nous avons veu un vaiſſeau à la cape : il n’avoit point de pavillon. Vous voulez que je vous explique qu’un vaiſſeau à la cape eſt quand ayant le vent contraire & forcé, il eſt obligé de prêter un bord au vent, d’amener toutes ſes voiles hors la grande voile qui le ſoutient un peu, & d’attendre en dérivant que le vent change. Faut-