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Journal

avoient moüillé à la pointe d’Oueſſant.

4. Mars.

NOus avons eu toute la journée vent arriere. La frégate a peine à nous ſuivre : il faut qu’elle n’ait pas encore trouvé ſon aſſiette. Le Pere Tachart Jéſuite a dit la Meſſe : il a eſté aux Iſles de l’Amérique, & a le pied marin. Monſieur l’Ambaſſadeur, qui donne l’exemple à tout le monde, a fait ſes dévotions. M. Vachet ſe moque de la mer : mais l’Abbé du Chaila, les Miſſionnaires, & la plupart des Jeſuites rendent la moitié de leur ame. Pour moi, je ſuis encore gaillard. On n’a pu prendre hauteur à midi, le ſoleil n’ayant pas voulu ſe montrer.

La mer eſt fort groſſe, & le vaiſſeau roule un peu : mais il ſemble qu’il ait une bride, tant il gouverne bien. Je commence à avoir le cœur bien fade, & je vais payer le tribut.

5. Mars.

TOujours bon vent. Je n’ai veu que de l’eau ; & ſi les aventures ne viennent, le Journal ſera bien ſec. Mais je ſçai bien ce que je ferai : nous étudierons dés que nous ſerons guéris, car je ſuis malade comme les autres. Nous apprendrons le Portugais, l’Aſtronomie : il faut bien profiter de la compagnie de ſix Peres, qui vont eſtre à la Chine autant de Verbieſts. Nous par-