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du Voyage de Siam.

ſeul, j’y veux ſonger. Pour moi, je croi que toutes les ſciences ſont dans votre tête : il n’eſt queſtion que de les démêler. Or quand vous vous jettez ſur votre lit, vous n’eſtes pas d’abord endormi : vous ſongez profondément à ce que vous avez à faire ; rien ne vous diſtrait. Alors toutes les idées dont eſt queſtion ſe préſentent à vous. Là-deſſus Monſieur s’endort : ces idées ſe promenent dans ſon imagination, & s’arrangent ; & à ſon réveil, il trouve ſous ſa main tous les materiaux dont il a beſoin pour bâtir quelque dialogue. Cela n’eſt point ſi mal raiſonné. Mais revenons à Gournai. N’y retrouverai-je point une petite fontaine ? Il ne vous en coûtera que cinq cens écus. Il eſt vrai que ce ſeroit encore mieux fait de les donner aux pauvres. Je parle bien ſérieuſement. Mais ſuppoſé que vous ayiez cinq cens écus dont vous n’ayiez que faire ; grande ſuppoſition : il vaut mieux les employer à faire venir de l’eau dans votre bois que les garder dans votre cabinet. Rien n’eſt ſi vilain à un Eccléſiaſtique que de garder de l’argent. Et puis prenez bien votre temps : faites travailler pendant l’hiver : le bled eſt cher ; cela fera gagner les pauvres gens. En un mot, faites comme il vous plaira, mais je ſerois bien-aiſe de trouver une fontaine à Gournai. Si je reviens avec M. le Chevalier de Chaumont, je me conſolerai pourveu qu’on y travaille. Mais ſi je demeure à Siam deux ou trois ans, je prétens

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