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du Voyage de Siam.

y a quinze jours que nous ne faiſons rien : nous reculons. Ce vent de Sueſt qui nous eſt contraire, eſt un vent fait : il a commencé avec la lune, il durera. Et où irons-nous ? Il y a encore plus de mille lieuës d’ici à Batavie. Quand nous y arriverons, la mouſſon de Siam ſera paſſée. Quelle pitié ! Paſſer l’hiver à Batavie entre les mains des Hollandois, qui ne nous aiment pas tant qu’ils diſent, Hé pauvre France, quand te reverrons-nous ? Voilà un an de perdu.

O ça, Meſſieurs, c’eſt ainſi que je leur parle, avez-vous tout dit, & deſeſpérerez-vous toujours ? Ne vous ſouvient-il plus de la ligne aprés trois jours de calme ? Tout eſtoit perdu : nous ne devions jamais voir le Cap aſſez à temps. Allons, allons, croyez-moi, tout ira bien. Prions Dieu ; & beuvons notre vin d’Eſpagne, car par parentheſe, j’en ai d’admirable. Les bons vents viendront. Celui qui nous a amenez juſqu’ici, nous menera bien encore à Siam.

4. Juillet.

POint de mer, preſque point de vent, le troiſiéme de la lune. Toutes indications de changement de temps ; & il ne ſçauroit preſque changer qu’en bien.

Ne l’avois-je pas dit ? J’entens grand bruit. Les Officiers crient à l’Eſt. On va revirer de bord. Il y a peu de vent. Mais enfin nous ferons l’Eſt,

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