Page:Choiseul-Meuse - Julie - v1.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée
(28)

bien m’en seroit-il revenu ? et de combien de plaisirs aurois-je été privée ? Tout est ici bas pour le mieux ; j’aime à le croire ainsi ; d’ailleurs , malgré mes nombreuses folies, je me suis toujours conduite de manière à m’éviter le repentir ; et maintenant que je suis arrivée à l’heure où l’on pleure ses fautes, ma sage politique me sauve les peines cuisantes du remords.

De jour en jour , le cercle de mes connoissances s’agrandissoit ; déjà les femmes commençaient à me craindre et les hommes à me courtiser. Ma peau éblouissoit par sa blancheur ; mes longs cheveux bouclés avoient l’éclat du jais ; mes grands yeux noirs peignoient, avec une mobilité surprenante, les diverses émotions de mon ame ; ma bouche petite et vermeille étoit ornée de deux rangées d’émail ; mes joues avoient la fraîcheur de la