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J’aurois plus qu’une autre à me plaindre du sort, si j’avois éprouvé dans un âge moins tendre les malheurs qui me sont arrivés dans cette ville ; mais j’étois trop jeune alors pour en connoître l’étendue. Mon père, M. d’Irini, étoit d’une famille noble et ancienne ; à l’âge de vingt-cinq ans il désira se marier ; et, comme la fortune étoit la seule qualité qu’il recherchât dans une femme, son choix tomba sur mademoiselle de Rosalba, dont les richesses, quoique immenses, pouvoient à peine compenser la laideur. M. d’Irini ne chercha pas même à savoir si le caractère de la femme à laquelle il alloit unir son sort, étoit aussi désagréable que sa personne ; content des revenus qu’elle lui apportoit, il ne demanda même pas à la voir ;ce ne fut que la veille de la célébration de leur mariage que