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bien, Julie, et n’oublie jamais ce que je vais te dire : De toutes les passions, l’amour est, sans aucun doute, celle qui nous procure les jouissances les plus réelles et les plus vives ; mais, par un préjugé bizarre, les hommes seuls ont le privilége de s’y livrer sans perdre leur réputation. Et lorsqu’une femme nous aime assez pour nous sacrifier ce qu’elle a de plus précieux, pour nous combler de faveurs et nous enivrer de volupté, au lieu de la regarder comme un être divin, digne de l’adoration la plus pure, après en avoir tout obtenu, nous la traitons avec mépris, et nous la livrons à la honte en publiant sa défaite. Tels sont les hommes, ma chère Julie, ils passent leur vie à feindre des passions qu’ils ne sentent pas, et