Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 215 )

gémit, mais le mal était irréparable. Cependant mon père se sentant pour elle une affection particulière, l’enleva de chez ses parens, et lui assura une honnête indépendance.

Cette fortune inespérée aida ma mère à se consoler ; elle voulut me nourrir, et dès que je fus en âge d’apprendre, elle me donna l’éducation la plus soignée. Elle avait acquis elle-même toute sorte de talens, et avait su fixer le cœur du léger duc de N** qui l’aimait toujours, en lui faisant mille infidélités. Ma mère trouva plusieurs fois l’occasion de se marier d’une manière avantageuse ; mais son amour pour moi l’en a jusqu’alors empêché. Elle a bien expié sa faute par la conduite exemplaire qu’elle a tenue depuis ; et j’ai souvent entendu dire au duc,