Saint-Albin ne pouvait rendre de plus grand service à Précourt que de lui céder la place ; car un rival, quelqu’aimable qu’il soit, n’est jamais dangereux lorsqu’il est éloigné. Le départ de Saint-Albin me rendit toute ma gaîté ; avec lui s’évanouirent et mes combats et mes incertitudes. Je me sentis soulagée d’un poids énorme, et je me livrai sans contrainte au penchant que je croyais avoir pour Précourt. Celui-ci cependant n’en fut pas plus heureux. Malgré ses prières, il ne put obtenir un seul rendez-vous, et, lorsque le hasard nous faisait trouver seuls, tout le fruit qu’il en retirait était de pouvoir me parler plus librement. Je l’écoutais, il est vrai ; je paraissais même le faire avec plaisir ; mais jamais un doux aveu ne sortit de