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nature un tribut qu’elle attend de toutes les femmes. L’hymen, il est vrai, n’a pas sanctionné ce sacrifice ; mais si nous portions le signe de notre innocence sur le front, les trois-quarts des filles seraient obligées de le couvrir d’un bandeau. Pourquoi celle qu’un hymen tardif doit faire languir, pendant ses plus belles années, et celle qui, peut-être, ne se mariera jamais, se priveraient-elles des plaisirs qui seuls nous font aimer la vie ? Quel dédommagement pourrait-on leur offrir ? Et s’impose-t-on volontairement des privations inutiles ? Non ; aussi, malgré les entraves dont on s’efforce de nous lier, franchissons-nous tôt ou tard ce pas glissant. Heureuse, mille fois heureuse celle qui n’attend pas, pour se livrer au plaisir, le moment où il