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Mais dans l’affreuse indigence où elle se trouvait réduite, madame Durancy la recevait comme une fille chérie. Les dernières paroles de son père avaient été l’ordre absolu d’avoir envers elle une soumission entière. Ne pouvant l’aimer, il fallait du moins lui obéir ; et son intérêt exigeait qu’elle cachât l’aversion qu’elle ressentait pour Alexandrine, dans la crainte de ralentir sa bienveillance.

Ernest se sentait pénétré d’indignation contre madame Durancy ; son dernier trait avait achevé de le révolter : il ne pouvait songer sans colère à la nécessité d’abandonner Amélie pendant deux ans entre les mains d’une telle femme ; cependant il était forcé de concentrer sa rage, dans la crainte d’aigrir Alexandrine contre sa pupille. Ernest voyait Amélie tous les jours ; sa présence seule