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choisit pour demeure son monastère de Philocali, dont il fut un des fondateurs et le restaurateur. De là, il alla demander la bénédiction de sa sainteté l’archevêque métropolitain, qui le reçut avec beaucoup d’affabilité et de joie. Par un heureux hasard, Nicolas, évêque du mont Athos, Michel de Cassandre et Dmitri d’Adramérie, s’y trouvaient aussi. Le jour d’une grande fête, l’archevêque métropolitain et les évêques invitèrent saint Sabba à participer à la messe qu’ils célébrèrent, et pendant laquelle ils l’élevèrent à la dignité d’archimandrite de Khilandar, et le consacrèrent en cette qualité. Après quoi il revint à l’Athos, dans son monastère.

L’autocrate Étienne, frère de saint Sabba, aussitôt qu’il eut reçu sa lettre et la myrrhe, les salua et les baisa respectueusement, avec des expressions de reconnaissance envers Dieu qui venait d’octroyer une si haute faveur à leur père. Il fit appeler l’archevêque et tous les seigneurs du royaume, et ordonna de leur donner lecture de la lettre. À la nouvelle d’une si grande manifestation de la faveur divine et des miracles opérés sur la tombe du bienheureux Syméon leur père, tous s’étonnaient et remerciaient Dieu. Après quoi il arriva que le prince Volkan, frère de l’autocrate Étienne, suscité par Satan, ennemi de l’espèce humaine, leva l’étendard de la révolte contre ce souverain. Il y eut beaucoup de sang répandu inutilement, et la terre de Serbie se trouva malheureusement dans une grande détresse. Plusieurs citoyens durent quitter leur patrie pour se disperser dans des pays étrangers. L’autocrate Étienne, en véritable ami de Dieu, supplia son frère Sabba, dans une lettre, lui disant : Ô toi que je chéris comme mon cœur et comme mon âme, saint père et frère, écoute le récit de ce qui me fait verser des larmes ! Prête l’oreille à la voix de ton frère et ton esclave ! Entends mes soupirs, viens au milieu de nous pour l’amour de Dieu, et prouve ainsi que tu nous aimes tendrement ! Prends avec toi les reliques sacrées de notre saint père Syméon, et toi-même aie pitié de nous. D’une terre étrangère reviens dans ta patrie, et apporte-nous les dépouilles précieuses ! Que par un effet de tes saintes prières, notre patrie s’éclaire, et que la bénédiction revienne sur nous tous ! Car aussitôt après votre départ d’ici, notre terre a été souillée par nos iniquités, notre