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du bienheureux Syméon. Les prêtres, saisis d’effroi, s’écrièrent : Seigneur, aie pitié de nous ! Et, se penchant sur le tombeau en marbre de Syméon, ils le trouvèrent débordant de myrrhe liquide, qui, semblable au ruisseau du vallon, coulait et arrosait toute l’église. Alors le prote se rappela les paroles de saint Sabba, et l’envoya chercher. Le saint arrive avec une joie ineffable, tout en larmes, glorifiant et remerciant Dieu ; il étreint dans ses bras le sarcophage et le couvre de baisers, comme s’il embrassait son père lui-même. Le prote commença par se frotter tout le corps de la sainte huile et à s’oindre les organes des cinq sens (vsia svoïa tchouvstva), puis il en oignit Sabba et tous les assistants. Parmi eux il y avait des infirmes et des gens atteints de diverses maladies qui, se sentant tout à coup guéris, glorifièrent Dieu, le remerciant, lui et ses élus. La sainte messe étant finie, le prote avec tous les égoumènes et les vieillards, appela saint Sabba, lui donna la bénédiction et lui recommanda de rédiger la vie de son bienheureux père, pour l’édification des générations à venir. En même temps il établit une fête en sa mémoire, le 13 février, jour anniversaire de son décès (né en 1114, mort en 1200). Le saint, après leur avoir donné l’hospitalité, les congédia comblés de présents, et continua de rendre grâces à Dieu. Ayant rempli une fiole de myrrhe, il l’envoya en guise d’eulogie à son frère Étienne l’autocrate, et dans une lettre il lui raconta les preuves de la faveur divine récemment accordée à leur père. Enfin, il gratifia ses frères moines de quelques paroles inspirées par le Saint-Esprit, et il se retira dans son silencieux ermitage de Carey. Le prote, c’est-à-dire le vénérable Domitius, surnommé le Jérosolymite, voyant le bienheureux Sabba rempli de vertu et de sainteté, et capable de servir de guide aux dévots pour les conduire au salut, fit beaucoup d’instances et lui conseilla de recevoir l’ordre sacerdotal. Le saint y consentit, et Nicolas, évêque de Hiérisie et du mont Athos, ordonna et consacra saint Sabba diacre et prêtre. Il advint quelque temps après, que le saint, pour les affaires de son monastère, fut obligé de se rendre à la ville de Salone. Il y commença ses visites par l’église du grand martyr saint Démétrius, où il se fit oindre avec de la myrrhe sacrée, qui découlait des reliques du patron de ce sanctuaire, mais il