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que l’empereur lui avait donné, une dame, douée d’une agréable figure et respectueusement modeste, s’approcha de lui et lui dit : Saint ami de Dieu, par son ordre et celui de la Très-Sainte Vierge, Éverguétessa (ce qui correspond en langue slave à Blahodetelnitza, c’est-à-dire la bienfaitrice) je te dis que sur le mont Athos et aux alentours de ton monastère, à tel endroit (ici elle nomma le lieu et en donna le signalement), il se trouve deux trésors. Va les chercher pour pouvoir compléter les choses nécessaires à l’œuvre du Seigneur. Le saint, étonné de cette déclaration inattendue, glorifia Dieu, et, après avoir embrassé le patriarche et en avoir reçu la bénédiction, il retourna dans l’Athos, où il raconta à son vénérable père tout ce qui lui était arrivé. Quant au prince orthodoxe, le grand-kniaze Étienne de Serbie, aussitôt après la réception de la croix et de la lettre, il agréa volontiers la tutelle de Khilandar, comme une partie de l’héritage paternel, et il y fit annexer des villages et des terres affectées à l’entretien du monastère et des frères, à titre de propriété perpétuelle. Le vénérable Syméon vécut encore longtemps dans la pratique de ces bonnes œuvres. Enfin, ayant le bonheur de plaire à Dieu, il vit s’approcher sa dernière heure. Il appela près de lui son fils chéri, lui disant : Le temps de mon départ d’ici-bas vient d’arriver, enfant bien-aimé ; tu as déjà beaucoup fait pour le salut de mon âme, mais c’est à présent surtout que j’ai besoin de ton aide, car je sais que Dieu t’accorde tout ce que tu lui demandes. À ces tristes paroles, le bienheureux Sabba, les larmes aux yeux, se jette au cou du vieillard : C’est à moi de te prier, dit-il, ô mon maître et père, de me secourir ! De même que, pendant la vie, grâce aux ferventes et pieuses prières que tu adressais au ciel, j’ai vécu exempt de tous les maux, et comme sous l’aile d’un ange, de même, puisque tu retournes auprès du Christ, continue à me couvrir là-haut de tes prières, que Dieu aime à exaucer ; continue-les jusqu’à la fin de mes jours. Ne nous oublie pas, n’abandonne aucun de nous, ni tes enfants selon l’esprit, ni tes parents selon la chair, ni notre patrie, ni notre église ; travaille pour nous tous ! À cela, le vénérable Syméon, fondant en larmes, répondit : Quant à moi, j’ignore s’il me sera donné de contempler le Christ, ni s’il daignera m’encourager au