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Se trouvant à Constantinople en 1221, il y fut sacré archevêque de Serbie. Dans le courant de l’année 1231, il quitta l’Europe pour aller visiter les lieux saints, et les églises asiatiques et africaines, de Jérusalem, du mont Sinaï, de l’Égypte, de Babylone et de l’Arménie. Il mourut le 14 décembre 1237 dans la ville de Ternov, alors chef-lieu de la Bulgarie. L’église de Rome le reçut au nombre des saints, et, environ trois siècles plus tard, en 1595, les Turcs firent brûler ses reliques à Belgrad.

Toutes ces dates manquent au texte de notre traduction. Le doyen des slavistes modernes, M.  Safarik, dans son précieux recueil des Monuments de l’ancienne littérature des Slaves méridionaux[1], publia deux biographies de saint Syméon, écrites par ses deux fils, saint Sabba et le roi Étienne II. Une copie de cette dernière fait partie des manuscrits slaves de la Bibliothèque impériale de Paris, manuscrits dont un excellent compte rendu vient d’être publié par le savant Père Martinov, avec une traduction de l’œuvre d’Étienne.

Quant à la vie de saint Sabba, écrite par son disciple Dométian (célèbre en 1264), elle ne fut éditée, que je sache, qu’une seule fois, par l’évêque orthodoxe Givkovich, à Vienne, 1794. Malheureusement l’éditeur cherche à satisfaire ses rancunes religieuses plutôt qu’à nous donner la reproduction fidèle du texte, qu’il avoue lui-même avoir abrégé et épuré. Les philologues slaves qui jouissent de l’avantage de pouvoir consulter le manuscrit de Dométian, n’ont pas rempli ces lacunes. L’intolérance orthodoxe de l’évêque lui aura conseillé de supprimer les passages qui constatent l’action que l’Église latine exerçait alors dans les pays professant aujourd’hui le rite gréco-slave. Ainsi, par exemple, M.  Safarik et l’auteur d’une esquisse biographique sur saint Sabba (publiée dans le VIIIe cahier de la Revue serbe Glasnik, 1856 à Belgrad), citent un passage de Dométian, d’après lequel Étienne II, le jour de son sacre, en 1222, porta une couronne envoyée, sur sa demande, par le pape Honorius III. Le texte de l’édition de Givkovich n’en dit rien, mais en revanche il conserve les passages relatifs à la conversion du roi catholique de Hongrie au schisme grec. Nous n’avons pas à nous prononcer pour ni contre aucun des partis hostiles, mais il nous semble que ces contradictions, loin d’invalider l’exactitude de la narration de Dométian, prouvent au contraire l’impartialité avec laquelle il consignait les faits

  1. Památky dřevního písemnictví Jihoslovanův, 1851, Prague. On y trouve aussi les titres des ouvrages rédigés par saint Sabba.