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PRÉFACE DU TRADUCTEUR





Le souvenir des saints personnages dont on lira ici les biographies est encore très-populaire au delà du Danube, bien qu’ils appartiennent à l’époque des croisades et de la dissolution de l’empire d’Orient. Un publiciste de Belgrad remarque que « la Serbie naquit dans le berceau d’Étienne Némania (saint Syméon). » En effet, ce fut lui qui, en 1159, la proclama royaume indépendant, et, après lui avoir annexé la Bosnie, l’Herzégovine et le Monténégro, en forma un État puissant et autonome. Parvenu au faîte des grandeurs humaines, Némania eut le courage d’y renoncer volontairement : le 25 mars 1195, il transmit les rênes du gouvernement à l’aîné de ses fils, Étienne II, et alla s’enfermer dans un couvent, où il vécut sous l’humble nom de Syméon-le-Moine, et mourut le 13 février 1200.

Le fils cadet de Némania, Rastko, mieux connu sous le nom de saint Sabba, couronna l’œuvre si glorieusement inaugurée des libertés politiques et religieuses de Serbie, en l’affranchissant de la suprématie du patriarcat de Byzance. Saint Sabba naquit en 1169. Il quitta la maison paternelle l’an 1186, pour le mont Athos, où il reçut la tonsure, et d’où il ne revint en Serbie que vingt-deux années plus tard, avec les dépouilles mortelles de son père. Depuis 1208 jusqu’à 1215, saint Sabba resta en Serbie comme prieur (égoumène) du monastère de Stoudénitza, s’occupant principalement de l’organisation définitive du clergé national.