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lement il venait beaucoup de monde pour les saluer, et craignant que cela n’exposât les moines à des dépenses extraordinaires, il achetait dans le monastère cinquante rations par jour, que l’on distribuait ensuite aux frères visiteurs. Plus tard, le bienheureux Syméon entreprit une tournée dans le mont Athos, pour visiter, en pèlerin, tous les saints monastères. Ayant obtenu la permission de l’égoumène, il prit son fils avec lui pour bâton de vieillesse. Celui-ci se disposa à l’accompagner comme d’habitude pieds nus, ce que le père ne voulut pas souffrir, lui disant : Aie pitié, mon enfant, car à chaque pierre qui te heurterait le pied, je me sentirais frappé au cœur ! Le jeune homme fit un salut en signe d’obéissance, et, pour ne pas l’affliger, il alla se chausser et monter sur un cheval. Arrivés à Carey, ils entrèrent dans l’église cathédrale de l’Assomption de la Très-Sainte Vierge et en vénérèrent l’image. C’est là que jadis, pendant la messe, on entendit une voix qui dicta les cérémonies et les chants appropriés à la solennité. Le tzar-moine donna pour l’église des vases sacrés en or et en argent, de magnifiques tentures et un plat d’argent massif rempli de monnaies. Il fit inscrire sur le canon liturgique son nom et celui de son héritier, l’autocrate Étienne, parmi les tzars fondateurs ou bienfaiteurs de la cathédrale. Quant au prote et aux autres serviteurs de ce sanctuaire, ainsi que les pauvres pèlerins, ils furent tous comblés de ses dons. Puis il se rendit dans le monastère d’Iverski et dans tous les autres monastères, qu’il visita en pèlerin, allant voir les ermitages du désert, faisant partout d’amples aumônes à tout le monde, jusqu’à ce qu’il retourna à Vatopède, sous le toit des ermitages bâtis à ses frais, où il se voua à une vie de sacrifices spirituels, n’ayant d’autre but ni d’autre désir que celui de plaire à Dieu. Par ses soins, toutes les constructions du monastère vieillies ou délabrées furent remises à neuf. L’égoumène et les frères lui parlèrent d’un couvent nommé Prosphori (situé aux gorges qui forment l’entrée du mont Athos), dont l’église de Saint-Siméon Christophore avait été ruinée par les corsaires et depuis abandonnée. Le tzar tout joyeux donna beaucoup d’or pour la réédifier. Outre l’église, il y fit aussi établir une grande tour (stolbe) pour servir de défense, un mur d’enceinte construit en pierre, des ermitages, des autels et autres