Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prières, tu parviendras à épurer ta raison et à comprendre plus nettement ce que c’est que Dieu. C’est ainsi que le Saint-Esprit nous instruit par la bouche du roi-prophète David, disant : Purifiez-vous et comprenez que je suis votre Dieu. De même qu’en ta qualité de roi de la terre, tu avais accompli des actions dignes d’un apôtre, de même, dans ton humble vie de moine, tu réussiras à parachever glorieusement ton existence dans ce désert. Alors, mais seulement alors, Dieu aura embelli ton front d’une double couronne de gloire, comme roi et comme saint. Alors ta vue et ton amour auront réjoui mon âme de même que je réjouirai la tienne, ô mon père ! Il serait à souhaiter aussi que la tzarine, ma bonne mère, cherchât de même à se retirer du monde, vivant dans sa patrie à l’image des saints (se faisant religieuse). Encore une fois, je t’en supplie, ô mon souverain ! ne m’en veuille pas pour ces paroles hardies, bien que tu possèdes un empire et beaucoup de richesses. Rappelle-toi ce jeune homme riche, de l’Évangile, à qui le Seigneur lui-même avait enseigné ce qu’il devait faire. Comme je le sais d’une science certaine, je te le dis, et tu peux m’en croire : Si, m’obéissant, tu quittes ton royaume terrestre, afin de venir chez nous, j’intercéderai là-haut pour ton royaume céleste et éternel. Mais si tu dédaignes mes paroles, alors renonce pour toujours à l’espoir de me voir en Serbie. Que la paix de Dieu, l’amour des saints Pères du mont Athos, et la prière que, moi pauvre pécheur, j’adresse à notre Seigneur Jésus-Christ, soient avec vous ! Amen. » À la réception de cette lettre, le père se leva de son trône et s’inclina, comme devant quelque sainte relique. Puis il baisa l’écrit, et après l’avoir déployé, il ne pouvait le lire à cause des larmes d’attendrissement. Enfin, maîtrisant son émotion, il lisait et il en admirait la rédaction et l’énergie des expressions. Incontinent il expédia un messager dans toutes les provinces de l’empire, à tous les grands seigneurs, chefs des armées et autres nobles gouverneurs du pays, leur enjoignant de se réunir en grand conseil auprès de lui au jour convenu. Cependant, et avant qu’ils ne s’assemblassent, le tzar mit l’ordre dans ses finances et dans sa maison impériale. Il fit distribuer d’abondantes aumônes aux pauvres, aux malades et aux vieillards infirmes. De tous côtés, il vint