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ses frères, ils les pressaient sur leur poitrine suffoquée par la douleur, cherchant dans ces caresses soulagement et consolation. Quelques heures après, la cour et la ville se vêtirent de deuil, pour partager l’affliction du souverain. Mais suspendons ce lamentable récit. Il est si naturel que les pères et mères, les frères, les sœurs s’affligent de la perte des leurs, et en souffrent jusqu’au moment de leur mort ! Étant après cela revenus à de meilleurs sentiments, la crainte de Dieu ayant trouvé accès dans leurs âmes, ils se dirent : les âmes de nos jeunes enfants nous devancent dans leurs aspirations vers le beau et le bon ; ainsi en a disposé le Seigneur, qu’il en dispose désormais selon son bon plaisir et que son nom soit béni, à présent et toujours ! Alors ils envoient beaucoup d’or pour subvenir convenablement aux besoins du tzarévitch, disant : Notre fils doit être abondamment pourvu de tous les biens. Qu’il ne manque de rien pendant son séjour à l’étranger ! Ils y joignirent des sommes d’argent pour être distribuées aux vénérables Pères qui vivent dans la pauvreté, et aux indigents qui viendront le voir au mont Athos. Le tzar donne des ordres détaillés pour préparer tout ce qui est nécessaire à son fils, et lui écrit un message ainsi conçu : « Ta bonne et affectueuse lettre m’a fait beaucoup profiter, au point que désormais je te réserve la plus haute place dans mon estime. C’est avec des sentiments de crainte respectueuse que j’ai pris la plume pour t’écrire ; moi, ton père, n’osant pas, hésitant si je dois te donner le nom de fils ou celui de père spirituel, ou encore t’appeler mon maître, mon prieur, mon intercesseur auprès de Dieu. Dans mes prières, je te recommande au ciel, et je dis : notre maison est dans tes mains, enfant de Dieu ; nos âmes et nous tous dépendons de ta volonté. Ô bienheureux ! tes vertus font l’admiration de tes parents, qui, dans la prière, ont trouvé un soulagement à leurs souffrances. Daigneras-tu les honorer de ta visite ? Dans ce cas, nous te promettrons de ne plus mettre aucun obstacle à ton retour dans ta solitude. » Sabba reçut cette lettre de ses parents, la lut avec d’abondantes larmes, remercia Dieu, le suppliant longuement de bénir ses parents. Il accepta l’or, mais il n’en dépensa, à son usage personnel, que ce qui fut nécessaire pour s’acheter du pain et un froc. Du reste, sa vie