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Pour autoriser leur démarche, il leur remet une lettre confidentielle adressée à l’éparque de Salone en lui enjoignant d’user de la force dans le cas où le prince ne voudrait pas obéir, et de le livrer au vaïvode les poings liés. Il ajoute aussi cette menace que : si l’éparque se refuse à l’accomplissement de mes ordres, qu’il sache qu’il s’attirera la haine et les châtiments au lieu de l’affection dont l’autocrate l’honorait jusqu’alors.

Le chef de l’expédition ayant reçu ces ordres et cette lettre, comme un dépôt du plus grand prix confié à ses soins, se met en route avec les jeunes seigneurs, et chevauchant nuit et jour, ils arrivent en toute hâte sans encombre dans la ville de Salone. Reçus avec honneur par l’éparque du lieu, ils lui remettent leur lettre, et lui racontent combien est grande l’affliction de leur souverain à cause de l’absence de son fils. L’éparque, qui aimait beaucoup le grand kniaze Étienne Némania, se fit rendre un compte exact de l’événement et en fut péniblement affecté. Avec des témoignages de respect et d’amitié envers le vaïvode et ses jeunes et nobles conseillers, il leur accorda d’honorables gardes pour les conduire directement chez le Prote, c’est-à-dire le chef supérieur de tous les couvents du mont Athos, auquel il avait écrit un message ainsi conçu : « Considérant qu’il s’agit d’une affaire importante, relative au fils du grand kniaze Étienne Némania, je prie ardemment Votre Éminence, de ne point dédaigner notre demande. Au contraire, si le fils de ce souverain de Serbie vient chez vous, faites en sorte qu’il retourne aussitôt chez ses parents. N’encouragez pas ceux d’entre les moines qui croiraient devoir favoriser sa retraite, car en agissant ainsi nous pourrions irriter non-seulement les ambassadeurs de Serbie, mais encore beaucoup d’autres. Tous sont prêts à verser leur sang pour leur tzar et à lui sacrifier leurs têtes. Gare à vous, car cette nation valeureuse ne nous laisserait pas en paix en Thessalie ni vous au mont Athos. »

L’ambassade, pendant son voyage dans l’intérieur de la montagne sainte, et après avoir franchi la barrière, s’enquérait près de tous ceux qu’elle rencontrait, leur décrivant la taille élancée du jeune prince, sa belle figure et autres particularités de son extérieur. On répondit : Peu de temps avant