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plique : Comment t’es-tu introduit dans l’église avant moi ? Comment se fait-il que tu restes debout, comme un homme bien portant ? Néophyte répondit : frère, pardonne-moi ; hier, grâce à ces visiteurs étrangers, j’ai bu et mangé mon soûl. Je les ai suivis dans l’église pour les vêpres, puis je ne sais comment je me suis endormi et attardé. Il paraît que, troublé par le vin, je me suis couché sur le tombeau du saint. Eh bien ! à minuit quelqu’un, revêtu des ornements pontificaux, vint au-dessus de moi, et me heurtant doucement du bout de sa crosse, me dit : tu dors sur mon tombeau. Réveille-toi vite, et descends ! Effrayé je saute à bas, et je me réveille sain et sauf ! Le sacristain allumeur alla immédiatement raconter à l’archimandrite tous les détails de l’aventure arrivée à Néophyte. Le supérieur, dès le matin, en fit part au patriarche et au roi. Tous ceux qui voyaient Néophyte en bonne santé, étonnés, remerciaient Dieu, qui montre sa toute-puissance dans les œuvres de ses saints. Ils se réjouissaient de ce que saint Sabba ne cessait de leur prouver sa bienveillance. Il y eut plusieurs infirmités ou maladies qui cessèrent quand les patients prièrent avec foi. Au monastère de Milochévo, saint Sabba apparut aussi à un vieux moine, lui ordonnant de dire au roi et à l’archevêque de tirer son corps du tombeau et de l’exposer dans l’église, à la vue de tous et pour leur profit, mais surtout pour la plus grande gloire de Dieu. Ce vertueux vieillard s’acquitta du message. Le roi, l’archevêque, les évêques et le clergé au complet, les seigneurs et la noblesse accoururent au monastère. Ayant chanté des cantiques toute une nuit, récité les prières matutinales et l’office divin, on ouvrit le tombeau, et l’on y trouva le corps du saint entièrement conservé, exhalant une suave odeur, comme autrefois à Ternov. On le mit dans une châsse de grand prix. Dès lors chacun put le voir, le toucher et le baiser, pour l’utilité de tous et la gloire de Dieu. Différentes guérisons s’opérèrent tout à coup, de nombreux miracles eurent lieu alors et depuis, par l’intercession de saint Sabba, et la foi, la piété et l’amour de ceux qui l’invoquèrent. Que de fois n’a-t-on pas vu saint Syméon et saint Sabba à la tête des légions serbes, au fort de la bataille, comme des anges de Dieu, conduisant l’armée contre les