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ses serviteurs et le rendre infini. Puisse-t-il vous combler d’honneurs ! devenez prélats, vaïvodes et princes, et que je n’aie point à rougir de partager avec vous les grandeurs de l’autorité que je tiens de Dieu. De même que Dieu m’a désigné chef de l’église, de même après Dieu devez-vous obéir au souverain qu’il vous a donné, et dont il m’ordonne d’orner le front d’une couronne royale, pour votre honneur, votre prospérité et votre gloire. Quand tout cela sera accompli, nous nous entretiendrons de quelques articles de notre foi sainte et orthodoxe, et du salut éternel de vos âmes. Tous ceux qui entendirent cette allocution s’empressèrent, après avoir salué Dieu, d’en remercier leur archiprêtre. Comme c’était la veille du jour de la fête de l’Ascension, après la vigile, tous les évêques réunis et l’archevêque présidant, ils célébrèrent la liturgie sacrée. Au moment propice pour le sacre du tzar, l’archevêque fit signe au grand-kniaze Étienne de s’approcher du maître-autel, où il l’attendait. Après avoir récité sur lui les prières du sacre, et l’avoir oint de myrrhe sainte, il le revêtit de la pourpre impériale, lui posa le diadème sur la tête, remit le sceptre et le globe entre ses mains, et le ceignit du glaive des tzars. Puis il le proclama roi (kral) de Serbie. L’imposition des mains terminée, l’archevêque dit à voix haute : Vive le premier couronné[1] roi de Serbie, Étienne l’autocrate, trois fois vive le roi ! Tous les seigneurs, les nobles et le peuple saluèrent leur monarque, en s’écriant : Qu’il vive de longues années ! Tous ceux qui étaient présents furent invités, à leur sortie de l’église, à un festin magnifique. Ils se réjouissaient de leur nouvel archevêque et de leur roi récemment sacré. Le lendemain l’archevêque reparut assis à côté de l’autocrate, et il dit : Frères, amis et mes enfants en Dieu, prêtez une oreille attentive, car je veux prêcher inspiré par mon amour pour vous et pour votre édification. Alors, il parla de la résurrection de Notre-Seigneur, de son ascension, et enfin de l’envoi aux disciples de l’esprit consolateur, et de la dispersion des apôtres pour évangéliser. Il discourut aussi du baptême et de plusieurs autres sujets

  1. Pervoventchan, épithète qui appartient à Étienne II, pour désigner qu’aucun de ces prédécesseurs n’a été sacré.