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m’avais promis d’obéir à tout ce que je te demanderais au nom de Dieu ? À mon tour, je t’avais promis d’accomplir tes ordres. Eh bien ! voici l’occasion de me prouver que tu ne m’as point oublié dans tes prières. Maintenant fais-moi comprendre ton amour. De même que jadis revêtu du corps humain, tu m’as obéi plus d’une fois ; de même exauce-moi présentement, ô pur esprit ! Vois comment ton enfant fonde toutes ses espérances, après Dieu en toi seul ! Ne me fais pas rougir devant les hommes, et ne m’enlève pas mes espérances, mais prie Dieu pour nous tous ! » Outre cette lettre il en écrivit une autre au tzar Étienne, pour le consoler ; il lui envoya en même temps un de ses disciples, homme vénérable et vertueux, le moine (hiéromonaque) Hillarion. Celui-ci, chargé de la lettre pour le bienheureux Syméon, avait l’ordre de ne point la communiquer à personne, ni lire avant le jour indiqué par saint Sabba, où, après une messe solennelle, lui, Hillarion, s’approchant de la tombe du bienheureux, devait personnellement donner lecture du message en question. L’hiéromonaque, dès son arrivée près du tzar, remit la lettre que le saint lui avait adressée, disant : Je tiens aussi un message pour le bienheureux Syméon, mais on m’a prescrit de ne le donner à personne. Quand l’autocrate eut pris connaissance du contenu de sa lettre, il s’étonnait de ce que l’amour divin eut déjà étouffé tous les sentiments humains dans le cœur de son frère. Hillarion s’empressa d’aller au tombeau du bienheureux, pour y attendre le moment d’exécuter l’ordre de saint Sabba. L’autocrate Étienne voulut l’accompagner au monastère de Stoudénitza. Ils y arrivèrent la veille du jour fixé. Le lendemain, après avoir passé la nuit entière en dévotions, le vieillard Hillarion présida lui-même la célébration des saints mystères. Enfin, les dévotions derrière l’ambon aussitôt achevées, le vieillard s’approcha de la tombe du bienheureux, et l’ayant encensée devant tout le peuple réuni, il se penche sur le cercueil, puis, comme s’il s’adressait à un vivant, il lit d’une voix haute, mais douce et suppliante, le message de saint Sabba. Tout de suite après cette lecture, on vit déborder la sainte myrrhe et découler du tombeau et des reliques, avec une telle profusion que toute l’église s’emplit comme autrefois d’un parfum exquis et délicieux. À la vue d’un si glorieux