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vous me disiez au contraire qu’une fois mariée, je ne pourrais plus aimer que mon mari, & qu’il me faudrait même oublier Danceny : au reste, peut-être que j’avais mal entendu, & j’aime bien mieux que cela soit autrement, parce qu’à présent, je ne craindrai plus tant le moment de mon mariage. Je le désire même, puisque j’aurai plus de liberté ; & j’espère qu’alors je pourrai m’arranger de façon à ne plus songer qu’à Danceny. Je sens bien que je ne serai véritablement heureuse qu’avec lui : car à présent son idée me tourmente toujours, & je n’ai de bonheur que quand je peux ne pas penser à lui, ce qui est bien difficile ; & dès que j’y pense, je redeviens chagrine tout de suite.

Ce qui me console un peu, c’est que vous m’assurez que Danceny m’en aimera davantage : mais en êtes-vous bien sûre ?… Oh ! oui, vous ne voudriez pas me tromper. C’est pourtant plaisant que ce soit Danceny que j’aime, & que M. de Valmont… Mais, comme vous dites, c’est peut-être un bonheur ! Enfin, nous verrons.

Je n’ai pas trop entendu ce que vous me marquez au sujet de ma façon d’écrire. Il me semble que Danceny trouve mes lettres bien comme elles sont. Je sens pourtant bien que je ne dois rien lui dire de tout ce qui se passe avec M. de Valmont ; ainsi vous n’avez que faire de craindre.

Maman ne m’a point encore parlé de mon mariage : mais laissez faire ; quand elle m’en parlera, puisque