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ainsi de vous à moi, qui devons n’avoir rien de caché l’une pour l’autre : mais avec tout le monde ? avec votre amant surtout ? vous auriez toujours l’air d’une petite sotte. Vous voyez bien que, quand vous écrivez à quelqu’un, c’est pour lui & non pas pour vous ; vous devez donc moins chercher à lui dire ce que vous pensez, que ce qui lui plaît davantage.

Adieu, mon cœur : je vous embrasse au lieu de vous gronder, dans l’espérance que vous serez plus raisonnable.

Paris, ce 4 octobre 17…

Lettre CVI.

La marquise de Merteuil au vicomte de Valmont.

À merveille, vicomte, & pour le coup, je vous aime à la fureur ! Au reste, après la première de vos deux lettres, on pouvait s’attendre à la seconde ; aussi ne m’a-t-elle point étonnée ; & tandis que déjà fier de vos succès à venir, vous en sollicitiez la récompense, & que vous me demandiez si j’étais prête, je voyais bien que je n’avais pas tant besoin de me presser. Oui, d’honneur ; en lisant le beau récit de cette scène tendre, & qui vous avait si vivemment ému ; en voyant