Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore dans des vœux criminels ! Ah ! partons, partons, et que du moins ces torts involontaires soient expiés par mes sacrifices.

Adieu, ma respectable amie ; aimez-moi comme votre fille, adoptez-moi pour telle et soyez sûre que malgré ma faiblesse, j’aimerais mieux mourir que de me rendre indigne de votre choix.

De…, ce 3 octobre 17…, à une heure du matin.

Lettre CIII.

Madame de Rosemonde à la présidente de Tourvel.

J’ai été, ma chère belle, plus affligée de votre départ que surprise de sa cause ; une longue expérience, & l’intérêt que vous inspirez, avaient suffi pour m’éclairer sur l’état de votre cœur ; & s’il faut tout dire, vous ne m’avez rien ou presque rien appris par votre lettre. Si je n’avais été instruite que par elle, j’ignorerais encore quel est celui que vous aimez ; car, en me parlant de lui tout le temps, vous n’avez pas écrit son nom une seule fois. Je n’en avais pas besoin ; je sais bien qui c’est. Mais je le remarque, parce que je me suis rappelée que c’est toujours là le style de l’amour. Je vois qu’il en est encore comme au temps passé.