Vous saurez donc que M. de Valmont, qui m’a remis jusqu’à présent les lettres de M. Danceny, a trouvé tout d’un coup que c’était trop difficile ; il a voulu avoir une clef de ma chambre. Je puis bien vous assurer que je ne le voulais pas ; mais il a été en écrire à Danceny, & Danceny l’a voulu aussi ; & moi, ça me fait tant de peine quand je lui refuse quelque chose, surtout depuis mon absence qui le rend si malheureux, que j’ai fini par y consentir. Je ne prévoyais pas le malheur qui en arriverait.
Hier, M. de Valmont s’est servi de cette clef pour venir dans ma chambre, comme j’étais endormie ; je m’y attendais si peu, qu’il m’a fait bien peur en me réveillant ; mais comme il m’a parlé tout de suite, je l’ai reconnu, & je n’ai pas crié ; & puis l’idée m’est venue d’abord, qu’il venait peut-être m’apporter une lettre de Danceny. C’en était bien loin. Un petit moment après, il a voulu m’embrasser ; & pendant que je me défendais, comme c’est naturel, il a si bien fait, que je n’aurais pas voulu pour toute chose au monde… mais lui voulait un baiser auparavant. Il a bien fallu, car comment faire ? d’autant que j’avais essayé d’appeler ; mais outre que je n’ai pas pu, il a bien su me dire que s’il venait quelqu’un, il saurait bien rejeter toute la faute sur moi ; & en effet, c’était bien facile, à cause de cette clef. Ensuite il ne s’est pas retiré davantage. Il en a voulu un second ; & celui-là, je ne savais pas ce qui en était, mais il m’a toute troublée, & après, c’était encore pis qu’auparavant. Oh ! par exemple, c’est bien mal ça. Enfin après… vous m’exemp-