jugez que j’aie rempli tous les devoirs qu’ont pu m’imposer les malheureuses circonstances dans lesquelles je me suis trouvé. Une fois tranquille sur ce point, mon parti est pris ; je pars pour Malte ; j’irai y faire avec plaisir, & y garder religieusement des vœux qui me sépareront d’un monde dont, jeune encore, j’ai déjà eu tant à me plaindre ; j’irai enfin chercher à perdre, sous un ciel étranger, l’idée de tant d’horreurs accumulées & dont le souvenir ne pourrait qu’attrister & flétrir mon âme.
Je suis avec respect, madame, votre très humble, etc.
Lettre CLXXV.
Le sort de madame de Merteuil paraît enfin rempli, ma chère & digne amie ; & il est tel que ses plus grands ennemis sont partagés entre l’indignation qu’elle mérite, & la pitié qu’elle inspire. J’avais bien raison de dire que ce serait peut-être un bonheur pour elle de mourir de sa petite vérole. Elle en est revenue, il est vrai, mais affreusement défigurée ; & elle y a particulièrement perdu un œil. Vous jugez bien que je ne