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authentiques celles dont il n’existe que des copies. Au reste, j’ai reçu ces papiers, tels que j’ai l’honneur de vous les adresser, de M. de Valmont lui-même. Je n’y ai rien ajouté, & je n’en ai distrait que deux lettres que je me suis permis de publier.

L’une était nécessaire à la vengeance commune de M. de Valmont & de moi, à laquelle nous avions droit tous deux, & dont il m’avait expressément chargé. J’ai cru, de plus, que c’était rendre un véritable service à la société que de démasquer une femme aussi réellement dangereuse que l’est madame de Merteuil, & qui, comme vous pourrez le voir, est la seule, la véritable cause de tout ce qui s’est passé entre M. de Valmont & moi.

Un sentiment de justice m’a porté aussi à publier la seconde, pour la justification de M. de Prévan, que je connais à peine, mais qui n’avait aucunement mérité le traitement rigoureux qu’il vient d’éprouver, ni la sévérité des jugements du public, plus redoutable encore & sous laquelle il gémit depuis ce temps, sans avoir rien pour s’en défendre.

Vous ne trouverez donc que la copie de ces deux lettres, dont je me dois de garder les originaux. Pour tout le reste, je ne crois pas pouvoir remettre en de plus sûres mains un dépôt qu’il m’importe peut-être qui ne soit pas détruit, mais dont je rougirais d’abuser. Je crois, Madame, en vous confiant ces papiers, servir aussi bien les personnes qu’ils intéressent, qu’en les leur remettant à elles-mêmes ; & je leur sauve l’embarras de les recevoir de moi, & de me savoir ins-