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de partir pour la campagne, où elle doit passer deux jours. On n’a pas su me dire chez qui elle était allée. Sa seconde femme, que j’ai fait venir me parler, m’a dit que sa maîtresse lui avait seulement donné ordre de l’attendre jeudi prochain ; & aucun des gens qu’elle a laissés ici n’en sait davantage. Moi-même, je ne présume pas où elle peut être : je ne me rappelle personne de sa connaissance qui reste aussi tard à la campagne.

Quoi qu’il en soit, vous pourrez, à ce que j’espère, me procurer, d’ici à son retour, des éclaircissements qui peuvent lui être utiles ; car on fonde ces odieuses histoires sur des circonstances de la mort de M. de Valmont, dont apparemment vous aurez été instruite si elles sont vraies, ou dont au moins il vous sera facile de vous faire informer, ce que je vous demande en grâce. Voici ce qu’on publie, ou, pour mieux dire, ce qu’on murmure encore, mais qui ne tardera sûrement pas à éclater davantage.

On dit donc que la querelle survenue entre M. de Valmont & le chevalier Danceny est l’ouvrage de madame de Merteuil qui les trompait également tous deux ; que, comme il arrive presque toujours, les deux rivaux ont commencé par se battre, & ne sont venus qu’après aux éclaircissements ; que ceux-ci ont produit une réconciliation sincère ; & que, pour achever de faire connaître madame de Merteuil au chevalier Danceny, & aussi pour se justifier entièrement, M. de Valmont a joint à ses discours une foule de lettres, formant une correspondance régulière qu’il