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Le billet de M. Danceny, que vous m’avez envoyé, est une preuve bien convaincante que c’est lui qui a provoqué le duel : & mon intention est que vous en rendiez plainte sur-le-champ, & en mon nom. En pardonnant à son ennemi, à son meurtrier, mon neveu a pu satisfaire à sa générosité naturelle ; mais moi, je dois venger à la fois sa mort, l’humanité & la religion. On ne saurait trop exciter la sévérité des lois contre ce reste de barbarie qui infecte encore nos mœurs ; & je ne crois pas que ce soit dans ce cas que le pardon des injures puisse nous être prescrit. J’entends donc que vous suiviez cette affaire avec tout le zèle & toute l’activité dont je vous connais capable, & que vous devez à la mémoire de mon neveu.

Vous aurez soin, avant tout, de voir M. le président de…… de ma part, & d’en conférer avec lui. Je ne lui écris pas, pressée que je suis de me livrer tout entière à ma douleur. Vous lui ferez mes excuses, & lui communiquerez cette lettre.

Adieu, mon cher Bertrand ; je vous loue & vous remercie de vos bons sentiments, & suis pour la vie toute à vous.

Du château de… ce 8 décembre 17…