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condamner. Non, tu n’as pas trahi l’amitié, & je n’ai pas davantage abusé de ta confiance. Tous deux, il est vrai, nous ignorions nos sentiments ; mais cette illusion, nous l’éprouvions seulement sans chercher à la faire naître. Ah ! loin de nous en plaindre, ne songeons qu’au bonheur qu’elle nous a procuré ; & sans le troubler par d’injustes reproches, ne nous occupons qu’à l’augmenter encore par le charme de la confiance & de la sécurité. O mon amie ! que cet espoir est cher à mon cœur ! Oui, désormais délivrée de toute crainte, & tout entière à l’amour, tu partageras mes désirs, mes transports, le délire de mes sens, l’ivresse de mon âme ; & chaque instant de nos jours fortunés sera marqué par une volupté nouvelle.

Adieu, toi que j’adore ! Je te verrai ce soir, mais te trouverai-je seule ? Je n’ose l’espérer. Ah ! tu ne le désires pas autant que moi.

Paris, ce 1er décembre 17…

Lettre CXLIX.

Madame de Volanges à madame de Rosemonde.

J’ai espéré hier, presque toute la journée, ma digne amie, pouvoir vous donner ce matin des nouvelles plus favorables de la santé de notre chère malade ;