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de Tourvel ; elle est malade depuis hier : sa maladie a pris si vivement, & se montre avec des symptômes si graves, que j’en suis vraiment alarmée.

Une fièvre ardente, un transport violent & presque continuel, une soif qu’on ne peut apaiser, voilà tout ce qu’on remarque. Les médecins disent ne pouvoir rien pronostiquer encore ; & le traitement sera d’autant plus difficile, que la malade refuse avec obstination toute espèce de remèdes : c’est au point qu’il a fallu la tenir de force pour la saigner ; & il a fallu depuis en user de même deux autres fois pour lui remettre sa bande, que dans son transport elle veut toujours arracher.

Vous qui l’avez vue, comme moi, si peu forte, si timide & si douce, concevez-vous donc que quatre personnes puissent à peine la contenir, & que pour peu qu’on veuille lui représenter quelque chose, elle entre dans des fureurs inexprimables ? Pour moi, je crains qu’il y ait plus que du délire, & que ce ne soit une vraie aliénation d’esprit.

Ce qui augmente ma crainte à ce sujet, c’est ce qui s’est passé avant-hier.

Ce jour-là, elle arriva vers les onze heures du matin, avec sa femme de chambre, au couvent de ***. Comme elle a été élevée dans cette maison, & qu’elle a conservé l’habitude d’y entrer quelquefois, elle y fut reçue comme à l’ordinaire, & elle parut à tout le monde tranquille & bien portante. Environ deux heures après, elle s’informa si la chambre qu’elle occupait étant pensionnaire, était vacante, & sur ce qu’on lui répondit