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tant l’objet aimé. Ce que je vous demande là, tout impossible que cela soit, vous feriez peut-être bien l’effort de me le promettre, de me le jurer même ; mais, je l’avoue, je n’en croirais pas de vains discours. Je ne pourrais être persuadée que par l’ensemble de votre conduite.

Ce n’est pas tout encore, je serais capricieuse. Ce sacrifice de la petite Cécile, que vous m’offrez de si bonne grâce, je ne m’en soucierais pas du tout. Je vous demanderais, au contraire, de continuer ce pénible service, jusqu’à nouvel ordre de ma part ; soit que j’aimasse à abuser ainsi de mon empire, soit que, plus indulgente ou plus juste, il me suffît de disposer de vos sentiments, sans vouloir contrarier vos plaisirs. Quoi qu’il en soit, je voudrais être obéie ; & mes ordres seraient bien rigoureux !

Il est vrai qu’alors je me croirais obligée de vous remercier ; que sait-on ? peut-être même de vous récompenser. Sûrement, par exemple, j’abrégerais une absence qui me deviendrait insupportable. Je vous reverrais enfin, vicomte, & je vous reverrais… comment ?… Mais vous vous souvenez que ceci n’est plus qu’une conversation, un simple récit d’un projet impossible, & je ne veux pas l’oublier toute seule…

Savez-vous que mon procès m’inquiète un peu ? J’ai voulu connaître enfin au juste quels étaient mes moyens ; mes avocats me citent bien quelques lois, & surtout beaucoup d’autorités, comme ils les appellent : mais je n’y vois pas autant de raison & de jus-