sont déjà, ce me semble, d'assez puissants motifs de sécurité.
Permettez-moi de vous le dire : je retrouve ici la trace des impressions défavorables qu’on vous a données sur moi. On ne tremble point auprès de l’homme qu’on estime ; on n’éloigne pas, surtout, celui qu’on a jugé digne de quelque amitié : c’est l’homme dangereux qu’on redoute & qu’on fuit.
Cependant, qui fut jamais plus respectueux & plus soumis que moi ? Déjà, vous le voyez, je m’observe dans mon langage ; je ne me permets plus ces noms si doux, si chers à mon cœur, & qu’il ne cesse pas de vous donner en secret. Ce n’est plus l’amant fidèle & malheureux, recevant les consolations & les conseils d’une amie tendre & sensible ; c’est l’accusé devant son juge, l’esclave devant son maître. Ces nouveaux titres imposent sans doute de nouveaux devoirs ; je m’engage à les remplir tous. Écoutez-moi, & si vous me condamnez, j’y souscris, & je pars. Je promets davantage : préférez-vous ce despotisme qui juge sans entendre ? vous sentez-vous le courage d’être injuste ? ordonnez, & j’obéis encore.
Mais ce jugement, ou cet ordre, que je l’entende de votre bouche. Et pourquoi ? m’allez-vous dire à votre tour ? Ah ! que si vous faites cette question, vous connaissez peu l’amour & mon cœur ! N’est-ce donc rien que de vous voir encore une fois ? Eh ! quand votre bouche portera le désespoir dans mon âme, peut-être un regard consolateur l’empêchera d’y succomber. Enfin s’il me faut renoncer à l’amour, à l’amitié, pour qui