Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

santé. Comme la messe commençait, j’ai abrégé la conversation, que je comptais bien reprendre après ; mais il a disparu avant que j’aie pu le joindre. Je ne vous cacherai pas que je l’ai trouvé un peu changé. Mais, ma chère belle, ne me faites pas repentir de ma confiance en votre raison par des inquiétudes trop vives ; & surtout soyez sûre que j’aimerais encore mieux vous affliger que vous tromper.

Si mon neveu continue à me tenir rigueur, je prendrai le parti, aussitôt que je serai mieux, de l’aller voir dans sa chambre ; & je tâcherai de pénétrer la cause de cette singulière manie, dans laquelle je crois bien que vous êtes pour quelque chose. Je vous manderai ce que j’aurai appris. Je vous quitte, ne pouvant plus remuer les doigts : & puis, si Adélaïde savait que j’ai écrit, elle me gronderai toute la soirée. Adieu, ma chère belle.

Du château de… 20 octobre 17…

Lettre CXX.

Le vicomte de Valmont au père Anselme.
(Feuillant du Couvent de la rue Saint-Honoré.)

Je n’ai pas l’honneur d’être connu de vous, monsieur : mais je sais la confiance entière qu’a en vous