pas possible. Et vous négligez de me le dire, de vous en affliger avec moi ! Déjà, deux fois, mes plaintes à ce sujet sont restées sans réponse. Ah ! Cécile ! Cécile, je crois bien que vous m’aimez de toutes les facultés de votre âme, mais votre âme n’est pas brûlante comme la mienne ! Que n’est-ce à moi à lever les obstacles ! pourquoi ne sont-ce pas mes intérêts qu’il me faille ménager, au lieu des vôtres, je saurais bientôt vous prouver que rien n’est impossible à l’amour.
Vous ne me mandez pas non plus quand doit finir cette absence cruelle : au moins, ici, peut-être vous verrais-je. Vos charmants regards ranimeraient mon âme abattue ; leur touchante expression rassurerait mon cœur, qui quelquefois en a besoin. Pardon, ma Cécile ; cette crainte n’est pas un soupçon. Je crois à votre amour, à votre constance. Ah ! je serais trop malheureux si j’en doutais. Mais tant d’obstacles ! & toujours renouvelés ! Mon amie, je suis triste, bien triste. Il semble que ce départ de Mme de Merteuil ait renouvelé en moi le sentiment de tous mes malheurs.
Adieu, ma Cécile, adieu, ma bien-aimée. Songez que votre amant s’afflige, & que vous pouvez seule lui rendre le bonheur.