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approuve ce choix, & quelque secret qu’il restât, il vous humilierait au moins à mes yeux & dans votre conscience.

Vous prenez, dites-vous, beaucoup de goût pour lui : allons donc, vous vous trompez sûrement, & je crois même avoir trouvé la cause de votre erreur. Ce beau dégoût de Belleroche vous est venu dans un temps de disette ; & Paris ne vous offrant pas de choix, vos idées, toujours trop vives, se sont portées sur le premier objet que vous avez rencontré. Mais songez qu’à votre retour, vous pourrez choisir entre mille ; & si enfin vous redoutez l’inaction dans laquelle vous risquez de tomber en différant, je m’offre à vous pour amuser vos loisirs.

D’ici à votre arrivée, mes grandes affaires seront terminées de manière ou d’autre ; & sûrement, ni la petite Volanges, ni la présidente elle-même, ne m’occuperont pas assez alors, pour que je ne sois pas à vous autant que vous le désirerez. Peut-être même, d’ici-là, aurai-je déjà remis la petite fille aux mains de son discret amant. Sans convenir, quoi que vous en disiez, que ce ne soit pas une jouissance attachante, comme j’ai le projet qu’elle garde de moi toute sa vie une idée supérieure à celle de tous les autres hommes, je me suis mis, avec elle, sur un ton que je ne pourrais soutenir longtemps sans altérer ma santé ; & dès ce moment, je ne tiens plus à elle, que par le soin qu’on doit aux affaires de famille…

Vous ne m’entendez pas ?… C’est que j’attends une seconde époque pour confirmer mon espoir, &