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faire ; & pour vous écrire, c’est plus difficile encore. De toute la matinée, je n’ose pas, parce que Maman est tout près de moi, & qu’elle vient à tout moment dans ma chambre. Quelquefois je le peux l’après-midi sous prétexte de chanter ou de jouer de la harpe ; encore faut-il que je m’interrompe à chaque ligne pour qu’on entende que j’étudie. Heureusement ma femme de chambre s’endort quelquefois le soir, & je lui dis que je me coucherai bien toute seule, afin qu’elle s’en aille & me laisse de la lumière. Et puis, il faut que je me mette sous mon rideau, pour qu’on ne puisse pas voir de clarté, & puis que j’écoute au moindre bruit, pour pouvoir tout cacher dans mon lit, si on venait. Je voudrais que vous y fussiez pour voir ! Vous verriez bien qu’il faut bien aimer pour faire ça. Enfin, il est bien vrai que je fais tout ce que je peux, & que je voudrais pouvoir en faire davantage.

Assurément, je ne refuse pas de vous dire que je vous aime, que je vous aimerai toujours ; jamais je ne l’ai dit de meilleur cœur ; & vous êtes fâché ! Vous m’aviez pourtant bien assuré, avant que je vous l’eusse dit, que cela suffisait pour vous rendre heureux. Vous ne pouvez pas le nier : c’est dans vos lettres. Quoique je ne les aie plus, je m’en souviens comme quand je les lisais tous les jours. Et parce que nous voilà absents, vous ne pensez plus de même ! Mais cette absence ne durera pas toujours, peut-être ? Mon Dieu, que je suis malheureuse ! & c’est bien vous qui en êtes cause !…