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LES LIAISONS

Lettre LXXIII.

Le vicomte de Valmont à Cécile Volanges
(Jointe à la précédente.)

L’ami qui vous sert a su que vous n’aviez rien de ce qu’il vous fallait pour écrire, & il y a déjà pourvu. Vous trouverez dans l’antichambre de l’appartement que vous occupez, sous la grande armoire à main gauche, une provision de papier, de plumes & d’encre, qu’il renouvellera quand vous voudrez, & qu’il lui semble que vous pouvez laisser à cette même place, si vous n’en trouvez pas de plus sûr.

Il vous demande de ne pas vous offenser, s’il a l’air de ne faire aucune attention à vous dans le cercle, & de ne vous y regarder que comme une enfant. Cette conduite lui paraît nécessaire pour inspirer la sécurité dont il a besoin, & pouvoir travailler plus efficacement au bonheur de son ami & au vôtre. Il tâchera de faire naître les occasions de vous parler, quand il aura quelque chose à vous apprendre ou à vous remettre ; & il espère y parvenir, si vous mettez du zèle à le seconder.

Il vous conseille aussi de lui rendre, à mesure, les lettres que vous aurez reçues, afin de risquer moins de vous compromettre.

Il finit par vous assurer que si vous lui donnez votre confiance, il mettra tous ses soins à adoucir la persécution qu’une mère trop cruelle fait éprouver à