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demoiselle de Volanges que pour moi. Je vous supplie donc de peser attentivement toutes choses & de ne pas permettre que votre sévérité altère votre prudence. Persuadé que l’intérêt seul de Mademoiselle votre fille dictera vos résolutions, j’attendrai de nouveaux ordres de votre part.

Cependant, dans le cas où vous me permettriez d’avoir l’honneur de vous faire ma cour quelquefois, je m’engage, Madame (& vous pouvez compter sur ma promesse), à ne point abuser de ces occasions pour tenter de parler en particulier à mademoiselle de Volanges, ou de lui faire tenir aucune lettre. La crainte de tout ce qui pourrait compromettre sa réputation, m’engage à ce sacrifice ; & le bonheur de la voir quelquefois m’en dédommagera.

Cet article de ma lettre est aussi la seule réponse que je puisse faire à vos menaces, sur le sort que vous destinez à mademoiselle de Volanges, & que vous voulez rendre dépendant de ma conduite. Ce serait vous tromper, que vous promettre davantage. Un vil séducteur peut plier ses projets aux circonstances, & calculer avec les événements ; mais l’amour qui m’anime ne me permet que deux sentiments, le courage & la constance.

Qui, moi ! consentir à être oublié de mademoiselle de Volanges, à l’oublier moi-même ? non, non, jamais. Je lui serai fidèle ; elle en a reçu le serment, & je le renouvelle en ce jour. Pardon, Madame, je m’égare, il faut revenir.

Il me reste un autre objet à traiter avec vous ; celui