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THÉODORINE, avec sentiment.

Je n’ai qu’elle, Octogène

ROMBOÏDAL.

Vous me l’avez déjà dit… Je vous répète, moi, que ces ustensiles sont déplacés dans des mains féminines… On n’a jamais vu ça !…

HERMOSA, vivement.

Pardon, papa, pardon… Diane…

THÉODORINE.

Elle a raison… Diane… Diane chasseresse, ne sortait jamais qu’en armes… et en petite tenue, en très-petite tenue…

ROMBOÏDAL.

C’était une déesse…

THÉODORINE.

Vous allez peut-être dire du mal des déesses, maintenant !

ROMBOÏDAL.

Non ! mais les déesses peuvent se permettre certaines fantaisies qu’une femme du monde doit s’interdire sévèrement. (À Alexis.) Vous pratiquez le fusil et vous négligez la couture et le piano…

HERMOSA.

Oh ! la couture, ça me crispe… Le piano, ça m’agace… J’aimerais bien mieux apprendre le cor de chasse…

ROMBOÏDAL.

Le cor de chasse !…

HERMOSA.

Ça résonne, ça fait du bruit… J’aime ça…

ROMBOÏDAL.

Et moi je vous dis que le piano…

THÉODORINE, vivement.

Mon Dieu, mon ami, si elle préfère les instruments à vent… où est le mal ?… On dit que ça développe…

ROMBOÏDAL.

Je la trouve suffisamment développée comme ça… d’ailleurs une jeune fille de son âge doit, avant tout, être suave… Eh bien, positivement, elle manque de suavité…

THÉODORINE.

Je ne trouve pas… elle a sa petite suavité à elle.

ROMBOÏDAL, avec amertume.

Ah ! je ne suis pas un père chançard !… Je vois tout autour de nous des gens qui ont des enfants bien élevés, tandis que moi… Tenez, sans aller bien loin, notre gracieux du Cacatois… il a tous les bonheurs, lui !… D’abord il est veuf, c’est déjà une bonne chose…

THÉODORINE.

Octogène, vous êtes amer…