Page:Chincholle - Les Survivants de la Commune, 1885.pdf/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
LES SOLDATS DE LA COMMUNE

giaire, dégoisant, le soir, les rapsodies entendues la veille dans d’autres réunions ou lues dans les journaux du matin.

Or, sur les affiches, il se donnait comme le représentant du grand parti collectiviste ouvrier.

Il avait raison. Il est ouvrier. Il est mécanicien. On le dit même habile. Nous nous demandons, par exemple, quand il pouvait travailler.

Chaque soir, il allait dans plusieurs réunions, dont la dernière était parfois tenue fort loin de son logis. Quand on se retire, entre onze heures et minuit, il serait bien étonnant qu’on ne bût pas quelques bocks collectivistes avec les amis. Il nous semble pourtant que les ateliers ont la réputation d’ouvrir d’assez bonne heure.

Y avait-il un enterrement de communard ? Joffrin conduisait le deuil et parlait sur la tombe. Encore une après-midi perdue. Ses patrons, vraiment, devaient être fort commodes.

Nous aimons mieux croire qu’on le payait bien, durant les rares heures où il daignait travailler. Il a donc, moins que les autres, le droit de se plaindre des infâmes patrons.

Car, enfin, de quoi gémit-il, le citoyen Joffrin ? Voyons ensemble si le sort a été si cruel à son égard. Pendant la guerre de 1870-71, il était mobile de la Seine et, si nous en croyons ses anciens