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LES SOLDATS DE LA COMMUNE

— Eh bien, Genton, c’était un juge d’instruction installé au Palais de Justice, mais replié au XIe. Fortin était son secrétaire. Sicard, qui nous commandait, dit à Ferré : « Ça ne peut pas aller comme ça. Nous sommes trahis. La Commune a fait un décret pour nous protéger. On a fusillé six prisonniers. Vous avez plus de cent cinquante otages. Nous voulons qu’on en fusille six. » Ferré, qui était membre de la Commune et préfet de police, était furieux. Il parle un instant avec Genton. Il prend un papier ; il écrit deux lignes, et il dit à Fortin, en lui donnant le papier : « Fais ce qu’il faut. » Nous suivons tous Fortin…

— Combien étiez-vous ?

— Trente hommes à peu près.

— Quelle heure était-il ?

— Six heures. Ah ! ça n’a pas été long, vous allez voir.

— Qu’y avait-il d’écrit sur le papier ?

— Quelque chose comme cela : « Ordre au ci-citoyen-directeur de la Roquette de faire exécuter : six otages. » Je ne réponds que des derniers mots. Il y a eu après cela d’autres mots écrits. Ceux-là, je les sais par cœur et je vous les dirai tout à l’heure. Il y avait des hommes enragés, et Fortin leur montrait l’ordre. En cinq minutes, nous arri-