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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

vive ! » Il ne répond pas et m’écarte. Je dis : « Citoyen, tu ne passeras pas sans le mot d’ordre. » Il répond : « Quand on s’appelle le comte de Beaufort, on se fout des gens comme toi. » Et il tire son sabre. Nous le connaissions. C’était un officier d’état-major, mais il était saoul. Deux hommes et moi, nous le désarmons et nous le laissons entrer. Une minute après, il revient avec un pistolet à chaque main. Nous le désarmons encore. Il dit : « Voilà un bataillon qu’il faudra purger. » Et, le 24 mai, on nous envoie à la rue Caumartin. Ça été chaud. C’était un vrai guet-apens. Les hommes tombaient comme des mouches. La barricade ne tenait plus. La ligne passait à travers. À un moment, les Versaillais prennent six hommes et les collent contre un mur. Pan ! Nous nous retirons. Place du Château-d’Eau, nous rencontrons un officier qui nous traite de lâches. C’était le Beaufort. « Cochon, lui dit le sergent, tu as dit que tu nous purgerais. Tu viens de faire fusiller six hommes. » Nous le mettons à son tour contre un mur et nous lui faisons son affaire. Tout le monde était excité. Nous étions du faubourg Saint-Antoine. Nous allons, à la mairie du XIe, raconter la chose. Ferré y était, depuis le malin avec Gustave Genton et Fortin.

— Que faisaient Fortin et Genton ?