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LES SOLDATS DE LA COMMUNE

Il réfléchit un instant, puis répondit :

— À une condition. J’ai des enfants qui sont tranquilles. Je sais bien qu’on ne pourrait plus me rien faire aujourd’hui, mais ils n’aiment pas le bruit. Je n’en ai plus pour longtemps. Vous attendrez ma mort pour faire votre travail, et vous ne me nommerez pas. Tout ce que je vous dirai sera la vérité même. Je n’ai plus profit à mentir. Votre article sera d’autant plus intéressant que j’ai lu par curiosité tout ce qu’on a écrit sur la chose. Rien n’est exact. Comment aurait-on su la vérité ? Tout le monde a menti devant les juges. Interrogez-moi.

— Quel grade aviez-vous ?

— J’étais simple fédéré.

— Par quels faits êtes-vous arrivé à faire partie du peloton d’exécution ?

— Ce sera long, mais ça explique tout.

Ici il est nécessaire que je dégage ma responsabilité. Je ne vais écrire que ce que j’ai entendu. On verra à la fin de ce chapitre que la preuve de ce que je raconterai se peut encore faire.

— Le 15 mai, dit le père Louis, le 66e était de garde à la Place. Il était onze heures du soir. Un officier veut y entrer. Je crie : « Qui