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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

Tel était le dialogue qu’on échangait auprès de moi, à la fin de 1881, à certaine réunion de la salle Graffart.

Le soir même, je savais ce qu’était « le pauvre père Louis ». Appartenant en 1871 au 66e bataillon de fédérés, il avait fait partie du peloton d’exécution des otages. Caché à temps, il avait échappé à toute poursuite.

Il y avait à recueillir un intéressant récit, des révélations peut-être… Le surlendemain, je me faisais conduire auprès du père. Louis, qu’une maladie de foie allait emporter. Il était pourtant debout. Il ne souffrait qu’à certaines heures. Je tombai dans un entr’acte.

— Je n’aime pas à tromper les gens, lui dis-je. J’appartiens à un journal réactionnaire.

— Qu’est-ce que ça me fait ! répondit-il. Ce ne sont pas les réactionnaires qui nous ont trompés. C’est l’autre !…

Jadis, l’autre, C’était Napoléon Ier. À la fin de 1881, c’était Gambetta.

— Évidemment, repris-je, vous avez beaucoup de choses à dire sur le 24 mai. Ce récit n’a jamais été écrit par un témoin « oculaire ». Voudriez-vous me permettre de vous adresser quelques questions ?