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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

prendre son chapeau. On est encaqué. On a le corps comprimé. On ne respire plus.

À peine la bière est-elle enlevée du corbillard, dix, vingt, trente citoyens grimpent sur celui-ci. Autour de nous, tous les monuments sont encombrés. Les arbres ploient sous les grappes humaines. On ne voit plus une tombe. Il n’y a plus que des curieux.

— Respect aux morts ! crie quelqu’un.

— Vive la Commune ! répond la foule.

Comment les orateurs ont-ils pu approcher de la tombe ? Mystère.

— Citoyens… crie le premier d’entre eux, le citoyen Massard, du Cri du Peuple.

À sa parole, le silence se fait.

Nous regardons la foule. Elle se compose de tous les malheureux de Paris. Le voilà, le meeting des ouvriers sans ouvrage. Pour l’instant, les manifestants sont bien heureux. Ils se croient au théâtre. Ils se montrent, il se nomment les acteurs qui sont de vrais hommes, tous connus.

Il y a bien dans la foule trois membres de la police, les commissaires Dresch et Lejeune et l’inspecteur divisionnaire Honnorat ; mais ils sont en bourgeois. On ne les reconnaît pas.

Parlent ensuite les citoyens Vaillant, Rochefort et Longuet. Puis commence, devant la tombe,